samedi 27 juin 2009

Difficile sédentarisation à Tachkent…

En Asie Centrale cohabitent des peuples à tradition nomade, comme les Kirghizes ou les Kazakhs, et d’autres à tradition sédentaire, comme les Ouzbeks… apparemment je fais partie de la première catégorie. Moi qui suis une habituée des déménagements, j’ai eu mon compte à Tachkent ! quatre déménagements en un mois !

En fait, j’étais d’abord dans une Guesthouse très bien, Bed and Breakfast, dans la vieille ville, à côté du bazar Chorsu pour dix dollars la nuit.
Après quelques jours, les propriétaires de la guesthouse m’ont trouvé un appart, celui de leur fille partie en vacances en fait, super bien, grand, à côté du parc Bobur et de l’institut. Le hic, c’était que j’y étais enregistrée comme si j’étais à la guesthouse. Ici en effet, si on n’a pas d’accréditation mais juste un visa par exemple d’étudiant comme moi, il faut s’enregistrer. A l’aéroport, au retour, ils vérifient toutes les nuits passées dans le pays, elles doivent être justifiées. L’enregistrement coûte 20 euros par mois. Les propriétaires rechignent à le faire, car ensuite ils doivent payer des taxes sur le loyer perçu. Surtout, c’est encore plus compliqué d’enregistrer des étrangers, et on demande beaucoup de papiers sur l’appartement, le locataire, le propriétaire…
Mais si on est mal enregistré (par exemple enregistré à l’hôtel alors qu’on habite dans un appart) alors la milice –souvent alertée par des voisins suspicieux- peut venir et exiger une amende… En fait, une Française s’est fait expulser d’Ouzbékistan il y a un mois à cause d’un problème d’enregistrement…

C’est pourquoi je n’ai pas pu rester dans mon appart au parc Bobur plus de 3 semaines: un beau matin l’ambassade m’a appelée pour me sommer de retourner à l’hôtel…
Donc je suis retournée dans mon BB (où j’ai soit dit en passant changé 3 fois de chambre) et j’ai cherché un appart… j’en ai visité plusieurs, mais à chaque fois les propriétaires faisaient des difficultés pour enregistrer… les gens ici veulent avoir le moins possible affaire aux autorités et à l’administration, et on les comprend…

Enfin, j’ai fini par trouver, ce matin je suis allée avec ma nouvelle proprio à l’OVIR (l’office d’enregistrement), je suis enregistrée dans les règles dans mon nouvel appart à "Maksim Gorki", dans le nord-est de la ville.
C’est très chouette là bas, il y a tout ce qu’il faut. Je paye 300 USdollars le mois, ce qui est le prix normal pour les étrangers ici, même si c’est un peu cher.
Ouf ! je pose enfin ma valise :) Finalement en un mois ici, j’aurais vécu déjà dans trois quartiers différents de la ville!
Je vais finir par m’acheter une yourte…

lundi 15 juin 2009

Le festival de bardes (!)



Ce week-end, nous sommes allés avec quelques amis à un festival de bardes.
Je m’attendais à rencontrer des druides, et à écouter Assurancetourix jouer de la harpe perché dans un arbre… C’est donc toute excitée que je monte dans la marshrutka (sorte de grosse voiture qui emmène des groupes où ils veulent pour une somme très modique !!) qui nous emmène dans la montagne des environs de Tachkent.
Au bout de 2h de route, avec avoir traversé des villages comme Tchirtchik, nous arrivons dans les montagnes… aaaaahhhh, ça fait du bien un peu d’air frais après celui de Tachkent, étouffant de chaleur et de pollution !
Après avoir planté la tente (de l’autre côté d’une rivière qu’il faut traverser tant bien que mal pour arriver au festival…), nous nous installons à côté de quelques autres spectateurs, en mangeant des chachliks de sanglier.
Il y a une seule scène, le public est peu nombreux et très familial, c’est sympathique quoi !
Après avoir dansé et écouté quelques groupes (qu’on avait pour la plupart déjà entendus à Tachkent dans le mythique « VM bar »), on est allés sous une grande tente jouer un peu de guitare et de flûte, avec d’autres bardes, pour la plupart russes.
Très plébiscités en tant que français, on a fini par chanter Joe Dassin (!)

Morale de l’histoire : un barde est un musicien plus ou moins professionnel, qui chante des chansons populaires russes dans la montagne autour du feu et qui aime bien les Français :)

lundi 8 juin 2009

Politiquement incorrect...

L’ambiance est tendue aujourd’hui à la pause café. On menace de ne pas renouveler le visa du directeur de l’institut, signe des tensions entre la France et l’Ouzbékistan. Il s'est fait attraper en changeant de l'argent au noir (ce que tout le monde fait ici) et les autorités ont sauté sur l'occasion...

Suite à la manif de mai 2005 à Andijan terminée dans un bain de sang, l’UE a posé des sanctions à l’encontre les responsables ouzbeks, ainsi qu’un embargo sur les armes, ce qui n’est pas pour plaire à Tachkent…
La semaine dernière, des attentats terr***** ont eu lieu justement à Andijan, près de la frontière avec le Kirghizstan, tuant un policier.
La tension dans le pays est palpable-

Les autorités ouzbèkes semblent familières des arrestations arbitraires pour lutter contre le « terr***sme isl***** », ce qui leur attire les critiques des ONG…
Ces dernières sont d’ailleurs de moins en moins tolérées en Ouzbékistan, et le gouvernement n’a aucun scrupule à leur mettre des bâtons dans les roues jusqu’à ce qu’elles soient dans l’incapacité de travailler, comme ce fut le cas pour la S**** Foundation, forcée de quitter le pays en 2004.
Les ONG s’installent dorénavant dans les pays voisins, comme le Kirghizstan, plus libéral.

On peut s’inquiéter de la situation concernant les droits de l’Homme en Ouzbékistan, qui semble prendre exemple sur son voisin chinois, bloquant par exemple l’accès aux sites internet gênants comme celui du journal indépendant et critique sur l'Asie centrale, « f******.ru" auquel j’ai aujourd’hui sans succès essayé de me connecter…
Un ami ouzbek m’a donné un tuyau : on peut passer par un site qui permet de cacher d’adresse IP et de se connecter même sur les sites bloqués dans le pays…
mais j'ai quand même dû changer certains mots de ce message, sans quoi je ne pouvais pas le poster... ("error: content")
...
......

mercredi 3 juin 2009

un mariage ouzbek



Hier soir, le personnel de l'IFEAC était invité au mariage du fils d'un employé.
Le mariage avait lieu dans une grande salle, qui contenait quelques 500 personnes autour de tables rondes, et commençait à 19h (!)

Assise à côté d'un ethnologue italien de l'IFEAC (qui, drôle de coïncidence, a vécu trois ans à Münster), je me suis fait servir: salades, mantys ( raviolis ouzbeks), soupe aux pois chiches, pain, chachliks (sortes de brochettes), fruits...
et bien sûr, du thé, encore et toujours :)

Il y avait aussi un bon vin ouzbek très sucré, et... de la vodka!
On dirait que l'héritage soviétique a eu raison des préceptes musulmans: la plupart des ouzbeks boivent de l'alcool sans complexes.
Certains disent même que la diffusion de la vodka était une tactique soviétique pour saper l'islam en Asie Centrale... mais les musulmans ouzbeks s'en sont accommodés, et cela ne les empêche pas de faire la prière.

Le repas s'est déroulé dans la bonne humeur, même s'il était difficile de s'entendre: un groupe de musiciens et chanteurs déversait une musique assourdissante, plus ou moins traditionnelle, ponctuée de discours aux jeunes mariés.
Très vite, tout le monde s'est mis à danser, enfants, babouchki... et je m'en suis donnée à cœur joie :) A mon grand étonnement, les gens me fourraient dans les mains des billets de 1000 sums, et après une danse j'avais les mains pleines... mais non, ce n'était pas pour moi: j'ai appris qu'il est d'usage de distribuer cet argent aux musiciens en guise de rémunération.

A minuit déjà, les mariés sont partis et nous avons trouvé un taxi qui nous a mené à l'ifeac où on a pris un dernier thé avant d'aller se coucher, les oreilles pleines de joyeuse musique...