jeudi 6 août 2009

Ce qui va me manquer (ou pas) ...

J'ai quitté Tachkent le 04 Août pour Berlin, l'Ouzbékistan est loin, l'heure est aux souvenirs émus... qu'est-ce qui va me manquer (ou pas)?

- La générosité partout: quand on commande un coca ou un jus au restau, on reçoit immanquablement une bouteille d'un litre, pour le prix d'un demi verre en France.

- Les policiers en verts, à l'affut de la moindre occasion pour se faire de l'argent de poche, dans le métro, derrière la porte, partout, qui font du zèle et n'hésitent pas à utiliser leur matraque...

- Les fruits, et surtout les montagnes de pastèques délicieuses vendues à chaque coin de rue :)

- Les taxis multiples et bon marché (chaque voiture est un taxi potentiel à Tachkent), et leur fameux "Taxi nada?!" (avez vous besoin d'un taxi?), puis la conversation invariable: êtes-vous mariée? Avez-vous des enfants? Comment, pas encore? il est temps! Vous venez d'où? oh! Paris, la Tour Eiffel? (un taxi a même sorti "Paris, Minaret Eiffel?")

- Pour rester dans les transports, le métro de Tachkent, plus impersonnel, mais encore moins cher ( 20 centimes le jeton) et magnifique, tout de marbre vétu. Chaque station est décorée par un artiste ouzbek, mais les photos y sont interdites. Ma préférée, celle de mon travail: Kosmonavtlar: on se croirait flottant dans l'espace...

- La musique assourdissante à chaque coin de rue, dans chaque restaurant, avec les mêmes chansons en boucle. La préférée des ouzbeks: Fairy Tale, d'Aleksander Rybak...

- La laitière, qui tous les matins à 7h me réveille de sa voix criarde: "MoOLoKoO!!!".

- Les tarakans (cafards d'ici, qui peuvent atteindre la taille d'un doigt), surtout ceux qui avaient élu domicile dans mon frigo...

- La viande, plus ou moins fraîche, inévitable... Un jour je voulais commander une pizza: "Vous voulez laquelle, avec ou sans viande?" Moi, pleine d'espoir, demande la végétarienne. Mais quand je reçois la pizza, je rappelle la serveuse: elle est recouverte de viande! Non, dit la serveuse, ce n'est pas de la viande, c'est de la saucisse et du lard! ah, au temps pour moi...

- Et enfin, petit hommage à la bière nationale, la Sarbast, qui coûte un euro et qui a souvent accompagné nos soirées à Tachkent...

jeudi 30 juillet 2009

Accessoirement, je fais aussi un stage!

Mon stage touche à sa fin, l’heure des bilans approche… et je ne vous ai toujours pas parlé de mon lieu de travail ( !)

L’IFEAC, Institut Français d’Etudes sur l’Asie Centrale est un institut de recherche basé à Tachkent et qui dépend du CNRS.
Le bâtiment est en fait une ancienne maison, avec une grande cour intérieure peuplée d’arbres fruitiers (abricotiers, cerisier, arbre à kakis…), avec un taptchan ( à droite sur la photo) où on peut s'installer pour boire le thé, ou faire la sièste...

L’IFEAC est la seul structure d’envergure pour la recherche sur l’Asie Centrale, c’est donc une véritable pépinière de spécialistes et de chercheurs de tous pays et de toutes spécialités. J’y ai rencontré un américain étudiant l’architecture ouzbek, une française spécialisée dans l’élevage des chevaux, une autre qui étudie l’islam au Kirghizstan, pas mal d’archéologues de tous les pays, et plein de jeunes chercheurs passionnés.
On se rend compte que le monde de la recherche est assez petit : par exemple, ici tout le monde connaît mon prof à Lille qui m’avait conseillée sur ce stage.

Les midis à l’IFEAC, c’est sacré : nous avons ici deux cuisinières qui préparent des plats délicieux et bons marché, ce qui attire pas mal de monde. Cela crée une ambiance très décontractée et sympathique, à l’image de l’atmosphère générale qui règne à l’IFEAC.

Quand je suis arrivée le premier jour, le directeur m’a informée que je pouvais travailler sur le sujet de mon choix ici, et il m’a même encouragée à prendre des vacances et profiter au maximum de mon séjour en Ouzbékistan (ce qui n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde !)

J’ai donc décidé de travailler sur l’Union Européenne en Ouzbékistan, et j’ai pu rencontrer de nombreux acteurs à Tachkent : diplomates européens (France, Allemagne, Turquie), membres d’organisations comme la GTZ ou l’OSCE, membres de la Commission Européenne, et même le Représentant Spécial de l’UE pour l’Asie Centrale que j’ai pu rencontrer brièvement lors de son passage à Tachkent.
Bref, j’ai interviewé de nombreuses personnes actives sur le terrain et c’était très intéressant pour compléter mes lectures.
J’ai aussi écrit un petit article et un compte rendu sur ce sujet, en attendant les 20 pages que je vais rédiger comme travail attaché à mon rapport de stage.
J’ai aussi assisté à des séminaires très intéressants organisés par l’IFEAC, et j’ai rédigé le résumé d’une table ronde sur la scène culturelle tachkentoise.
Si vous parcourez cette lettre d’information de l’IFEAC, vous y trouverez entre autres un petit article que j’ai écrit sur la politique de l’UE en Asie Centrale(p15)
http://www.ifeac.org/userfiles/articles/Lettre7.IFEAC.pdf

C’était donc un stage très enrichissant pour moi, autant sur le plan personnel que professionnel. Je me suis rendue compte que la recherche en sciences sociales ne consiste pas seulement en longues lectures et nuits dans les archives, mais aussi en rencontres et discussions sur le terrain. Finalement, il s’agit de chercher des sources les plus variées possibles pour creuser un sujet, c’est un peu comme du journalisme, mais en plus approfondi :)

mercredi 22 juillet 2009

Samarkand...



Après avoir visité les véritables musées à ciel ouvert que sont Khiva et Boukhara (cela dit, ces villes ne manquent pas de charme le soir quand les enfants jouent au foot devant les madrasas…), nous avons pris le train vers la mythique Samarkand, avec le fameux Régistan (une des plus belles places du monde comme on peut le voir sur la photo). Là bas nous avons logé chez des amies archéologues rencontrées à l’IFEAC.
Elles nous ont raconté l’évolution fulgurante de la ville : depuis quelques mois, on y construit un mur, censé embellir la ville, cacher au Président de passage la misère des quartiers, et fermer la vue des touristes.
Le mur s’élève le long des routes, immense, écrasant tout sur son passage…
Un beau matin, on reçoit un courrier informant qu’il faut quitter la maison qui sera rasée le lendemain. Beaucoup de magasins du bord des routes on été fermés. Une femme nous a raconté l’histoire d' un vieil homme auquel on a détruit la « Tchaïhana » (sorte de salon de thé ouzbek), et qui dit « chaque matin quand je vois ça, ma tension monte. Il y a vingt ans, toute la Mahalla (le quartier) avait aidé à construire cette tchaïhana… » mais voilà ; les rues doivent êtres plus larges, elles doivent être fermées par un mur et pas par des salons de thé. Plus personne n’ose construire à Samarkand, et on y voit beaucoup de chantiers arrêtés.

La femme nous a aussi raconté le combat des femmes de son quartier contre la construction du mur encerclant le mausolée de Gur Emir, arguant qu'on ne détruisait pas ainsi seulement la beauté de la mahalla mais aussi une partie du patrimoine de l’humanité…mais on leur a sommé de se taire.
Alors, les femmes ont réclamé de construire au moins des porches dans le mur, ouvrant sur la rue, et les autorités de répondre: "Si vous voulez des porches, alors à quoi ça sert de construire un mur ?" Bonne question,en effet...

La ville de Samarkand a donc beaucoup changé ces derniers mois. Les restaurants, cafés et magasins s’y font rares, l’atmosphère y est plus feutrée, moins joyeuse qu’à Boukhara... la beauté de la ville est comme figée, stérilisée.

C’est dommage, car l’histoire fabuleuse et riche de la capitale de Tamerlan ne mérite pas d'être cachée, même derrière le plus joli des murs de céramiques...

mardi 21 juillet 2009

Au pays des Karakalpaks

Bonjour à tous, me revoilà! Comme vous l’avez peut-être compris, j’ai pris des vacances la semaine dernière pour faire un tour d’Ouzbékistan avec un ami allemand venu en Asie Centrale.
Nous avons commencé le périple en traversant le pays d’Est en Ouest dans un avion qui ressemblait à un bus volant…pour revenir sur nos pas en passant par les villes dont les noms font rêver: Khiva, Boukhara, Samarcande...

Notre première découverte fut la petite République ouzbek du Karakalpakistan (si,si!)

Arrivés à Noukous, nous avons été accueillis par une fille Karakalpak que j’avais rencontrée à Tachkent et qui travaille pour Médecins sans Frontières à Noukous. L’ONG lutte principalement contre la tuberculose, qui est apparemment une maladie très répandue dans le pays...
On a reçu des T-shirts, crayons et cahiers marqués du slogan « La tuberculose est guérissable ! ». Le traitement anti-tuberculose est en effet très lourd et dure plusieurs années, si bien que certains malades se découragent et arrêtent de prendre leurs médicaments…
Noukous est une ville charmante, un peu étrange, et encore très soviétique.
L’air y est salé ; après une journée dans la ville, on a les yeux qui piquent et le goût du sel sur la peau… mais je ne recommande pas trop le thé salé qu'on y bois...

Cette salinité est due à la pollution de la nappe phréatique qui accompagne le reflux de la mer d’Aral, la tragédie du Karakalpakistan...

Pour nous faire une idée du désastre, nous avons fait une excursion à Moynak, à quelques 200km de Noukous.
Il y a quelques dizaines d’années, Moynak était une île dans la mer d’Aral (ironie: « aral » signifie en turc « île » ; la mer d’Aral était comme une île d’eau au beau milieu du désert)
Dans les années 70, la ville est devenue une presqu’île, puis une ville de bord de mer… et un beau jour, la mer est partie. Pourquoi?
Les fleuves Syr Daria et Amou Daria qui avaient été déviés afin d’irriguer les champs de coton et de riz, ne parvenaient plus à alimenter la mer, qui a reculé. Elle se trouve aujourd'hui à plus de 200 km de la ville...

Dans l’ancien port de Moynak, sur le sable brûlant du « désert d’Aral » comme on dit maintenant, quelques carcasses de bateaux échoués regardent tristement au large des étendues asséchées, polluées, toxiques. Les habitants, souvent des anciens pêcheurs, fuient, ou restent et racontent "Avant, Moynak était reliée par avion à toutes les villes d'Union soviétique. Les enfants venaient en classe de mer. Il y avait profusion de poissons, et là bas,vous voyez, il y avait une promenade avec pleins de restaurants, vendeurs de glaces..."

Pour terminer sur une note plus positive, je voudrais vous parler du musée Stavisky de Noukous. Ce musée accueille l’une des plus belles collections de l’avant-garde soviétique des années 20. Stavisky avait rassemblé une collection impressionnante de tableaux et de sculptures « ennemies du peuples », entreposées dans les archives du musée de Noukous.
Comme la ville était isolée et éloignée de Moscou, les œuvres furent préservées, tel un trésor enfoui à jamais dans les sables du désert… et fait aujourd'hui la fierté des Karakalpaks :)

lundi 13 juillet 2009

Lettre de Fabian, mon compagnon de route a travers l Ouzbekistan






Je suis actuellement a Boukhara. c est une oasis tres jolie et on est tres bien ici dans un petit bed&breakfast pas cher (8 dollars la nuit par personne).

Ce matin, Elise et moi nous sommes faits inviter dans la maison d une famille locale, juste en passant devant leur porte. La babouchka trouvait apparemment que nous avions l air interessant, etranger et sympa, et nous a pries de rentrer dans la maison. Sa petite-fille (19 ans), qui y habite egalement avec ses parents, etudie le francais a l universite de Boukhara et toute la famille etait contente que la fille unique pouvait faire un peu de conversation en francais.
Ils ont mis sur la table des fruits divers (melons, prunes, pommes, poires, etc.), du cheesecake fait maison, des bonbons, et bien sur du the.
Ici, on boit du the a toutes les occasions, et pas dans des verres ou des tasses mais dans de petits bols en ceramique. La fille nous a montre l album de photo familial et la vue sur la ville depuis leur terrasse de toit en nous parlant de son reve: aller un jour a Paris.
C est le reve de 3/4 des ouzbeks, on dirait... :)
On a echange les adresses emails, et a la fin, les parents nous ont meme offert un petit minaret en terre cuite comme cadeau, car on etait les premiers invites etrangers dans leur maison. c etait vraiment l hospitalite ouzbek qui fait tant parler, que nous avons vecue ce matin! :)

La ville est vraiment tres tres jolie, avec environ 140 monuments historiques, souvent des medreses (ecoles coraniques).
Ce soir, quand la temperature enfin autorisait de sortir , nous avons fait un tour sur la grande roue du parc de la ville.
En fait, presque toutes les villes en Union sovietique avaient, et l ont souvent garde, un parc avec dedans un petit parc d attractions. Il y a toujours une grande roue et souvent d autres attractions comme du tir, des stands de karaoke ou des caroussels, et bien sur de quoi manger (barbe a papa ;)) et boire.
Les prix sont ridicules (genre 20 centimes le tour de roue ou les 5 tirs ou la barbe a papa etc) et donc on peut s amuser a voir la jeunesse ouzbek s amuser en famille.

Je suis content d avoir regagne une oasis apres une traversee de desert fatigante: 8h en bus non climatise (du coup il faisait environ 40 degres dans le bus, le soleil du desert brulant sur la carosserie) avec peu de place et beaucoup de gens... et ce apres une journee un peu ratee a Ourgentch, ville moche et bizarre pres de la ville tres touristique de Khiva (la plupart des touristes dans Khiva etaient des ouzbeks, venant pour un jour le weekend se balader dans la vieille ville medievale)
Donc Khiva etait tres sympa, mais Ourgentch pas terrible, nous avons du dormir dans un hotel trop cher aux proprietaires trop curieux (nous etions les seuls hotes)... parfois ici les gens comme les chauffeurs de taxi ou des proprietaires d hotels posent un peu trop de questions personnelles et on se demande s ils ne travaillent pas pour les services secrets...

Aujourd hui, je me suis fait couper les cheveux car c etait vraiment devenu grave long :) il y a eu un leger carnage, mais j espere pouvoir le corriger de retour a Tachkent, car elise y a des ciseaux de coiffure.
Le coiffeur parlait bien le francais car il etait diplome de l ecole diplomatique de Tachkent, qui a une excellente reputation. Il a dit qu il etait a la recherche de travail, car il n avait, comme beaucoup d autres, pas envie de travailler pour l Etat ouzbek. La conversation etait interessante, en plus il connait des gens que Elise connait aussi (le monde est petit... surtout en Ouzbekistan!) mais malheureusement il n avait apparemment aucune formation de coiffeur, coupant tout simplement en ligne droite mes cheveux ;)

Demain, derniere journee a Boukhara avant qu on prenne le train pour Samarcande.

samedi 27 juin 2009

Difficile sédentarisation à Tachkent…

En Asie Centrale cohabitent des peuples à tradition nomade, comme les Kirghizes ou les Kazakhs, et d’autres à tradition sédentaire, comme les Ouzbeks… apparemment je fais partie de la première catégorie. Moi qui suis une habituée des déménagements, j’ai eu mon compte à Tachkent ! quatre déménagements en un mois !

En fait, j’étais d’abord dans une Guesthouse très bien, Bed and Breakfast, dans la vieille ville, à côté du bazar Chorsu pour dix dollars la nuit.
Après quelques jours, les propriétaires de la guesthouse m’ont trouvé un appart, celui de leur fille partie en vacances en fait, super bien, grand, à côté du parc Bobur et de l’institut. Le hic, c’était que j’y étais enregistrée comme si j’étais à la guesthouse. Ici en effet, si on n’a pas d’accréditation mais juste un visa par exemple d’étudiant comme moi, il faut s’enregistrer. A l’aéroport, au retour, ils vérifient toutes les nuits passées dans le pays, elles doivent être justifiées. L’enregistrement coûte 20 euros par mois. Les propriétaires rechignent à le faire, car ensuite ils doivent payer des taxes sur le loyer perçu. Surtout, c’est encore plus compliqué d’enregistrer des étrangers, et on demande beaucoup de papiers sur l’appartement, le locataire, le propriétaire…
Mais si on est mal enregistré (par exemple enregistré à l’hôtel alors qu’on habite dans un appart) alors la milice –souvent alertée par des voisins suspicieux- peut venir et exiger une amende… En fait, une Française s’est fait expulser d’Ouzbékistan il y a un mois à cause d’un problème d’enregistrement…

C’est pourquoi je n’ai pas pu rester dans mon appart au parc Bobur plus de 3 semaines: un beau matin l’ambassade m’a appelée pour me sommer de retourner à l’hôtel…
Donc je suis retournée dans mon BB (où j’ai soit dit en passant changé 3 fois de chambre) et j’ai cherché un appart… j’en ai visité plusieurs, mais à chaque fois les propriétaires faisaient des difficultés pour enregistrer… les gens ici veulent avoir le moins possible affaire aux autorités et à l’administration, et on les comprend…

Enfin, j’ai fini par trouver, ce matin je suis allée avec ma nouvelle proprio à l’OVIR (l’office d’enregistrement), je suis enregistrée dans les règles dans mon nouvel appart à "Maksim Gorki", dans le nord-est de la ville.
C’est très chouette là bas, il y a tout ce qu’il faut. Je paye 300 USdollars le mois, ce qui est le prix normal pour les étrangers ici, même si c’est un peu cher.
Ouf ! je pose enfin ma valise :) Finalement en un mois ici, j’aurais vécu déjà dans trois quartiers différents de la ville!
Je vais finir par m’acheter une yourte…

lundi 15 juin 2009

Le festival de bardes (!)



Ce week-end, nous sommes allés avec quelques amis à un festival de bardes.
Je m’attendais à rencontrer des druides, et à écouter Assurancetourix jouer de la harpe perché dans un arbre… C’est donc toute excitée que je monte dans la marshrutka (sorte de grosse voiture qui emmène des groupes où ils veulent pour une somme très modique !!) qui nous emmène dans la montagne des environs de Tachkent.
Au bout de 2h de route, avec avoir traversé des villages comme Tchirtchik, nous arrivons dans les montagnes… aaaaahhhh, ça fait du bien un peu d’air frais après celui de Tachkent, étouffant de chaleur et de pollution !
Après avoir planté la tente (de l’autre côté d’une rivière qu’il faut traverser tant bien que mal pour arriver au festival…), nous nous installons à côté de quelques autres spectateurs, en mangeant des chachliks de sanglier.
Il y a une seule scène, le public est peu nombreux et très familial, c’est sympathique quoi !
Après avoir dansé et écouté quelques groupes (qu’on avait pour la plupart déjà entendus à Tachkent dans le mythique « VM bar »), on est allés sous une grande tente jouer un peu de guitare et de flûte, avec d’autres bardes, pour la plupart russes.
Très plébiscités en tant que français, on a fini par chanter Joe Dassin (!)

Morale de l’histoire : un barde est un musicien plus ou moins professionnel, qui chante des chansons populaires russes dans la montagne autour du feu et qui aime bien les Français :)

lundi 8 juin 2009

Politiquement incorrect...

L’ambiance est tendue aujourd’hui à la pause café. On menace de ne pas renouveler le visa du directeur de l’institut, signe des tensions entre la France et l’Ouzbékistan. Il s'est fait attraper en changeant de l'argent au noir (ce que tout le monde fait ici) et les autorités ont sauté sur l'occasion...

Suite à la manif de mai 2005 à Andijan terminée dans un bain de sang, l’UE a posé des sanctions à l’encontre les responsables ouzbeks, ainsi qu’un embargo sur les armes, ce qui n’est pas pour plaire à Tachkent…
La semaine dernière, des attentats terr***** ont eu lieu justement à Andijan, près de la frontière avec le Kirghizstan, tuant un policier.
La tension dans le pays est palpable-

Les autorités ouzbèkes semblent familières des arrestations arbitraires pour lutter contre le « terr***sme isl***** », ce qui leur attire les critiques des ONG…
Ces dernières sont d’ailleurs de moins en moins tolérées en Ouzbékistan, et le gouvernement n’a aucun scrupule à leur mettre des bâtons dans les roues jusqu’à ce qu’elles soient dans l’incapacité de travailler, comme ce fut le cas pour la S**** Foundation, forcée de quitter le pays en 2004.
Les ONG s’installent dorénavant dans les pays voisins, comme le Kirghizstan, plus libéral.

On peut s’inquiéter de la situation concernant les droits de l’Homme en Ouzbékistan, qui semble prendre exemple sur son voisin chinois, bloquant par exemple l’accès aux sites internet gênants comme celui du journal indépendant et critique sur l'Asie centrale, « f******.ru" auquel j’ai aujourd’hui sans succès essayé de me connecter…
Un ami ouzbek m’a donné un tuyau : on peut passer par un site qui permet de cacher d’adresse IP et de se connecter même sur les sites bloqués dans le pays…
mais j'ai quand même dû changer certains mots de ce message, sans quoi je ne pouvais pas le poster... ("error: content")
...
......

mercredi 3 juin 2009

un mariage ouzbek



Hier soir, le personnel de l'IFEAC était invité au mariage du fils d'un employé.
Le mariage avait lieu dans une grande salle, qui contenait quelques 500 personnes autour de tables rondes, et commençait à 19h (!)

Assise à côté d'un ethnologue italien de l'IFEAC (qui, drôle de coïncidence, a vécu trois ans à Münster), je me suis fait servir: salades, mantys ( raviolis ouzbeks), soupe aux pois chiches, pain, chachliks (sortes de brochettes), fruits...
et bien sûr, du thé, encore et toujours :)

Il y avait aussi un bon vin ouzbek très sucré, et... de la vodka!
On dirait que l'héritage soviétique a eu raison des préceptes musulmans: la plupart des ouzbeks boivent de l'alcool sans complexes.
Certains disent même que la diffusion de la vodka était une tactique soviétique pour saper l'islam en Asie Centrale... mais les musulmans ouzbeks s'en sont accommodés, et cela ne les empêche pas de faire la prière.

Le repas s'est déroulé dans la bonne humeur, même s'il était difficile de s'entendre: un groupe de musiciens et chanteurs déversait une musique assourdissante, plus ou moins traditionnelle, ponctuée de discours aux jeunes mariés.
Très vite, tout le monde s'est mis à danser, enfants, babouchki... et je m'en suis donnée à cœur joie :) A mon grand étonnement, les gens me fourraient dans les mains des billets de 1000 sums, et après une danse j'avais les mains pleines... mais non, ce n'était pas pour moi: j'ai appris qu'il est d'usage de distribuer cet argent aux musiciens en guise de rémunération.

A minuit déjà, les mariés sont partis et nous avons trouvé un taxi qui nous a mené à l'ifeac où on a pris un dernier thé avant d'aller se coucher, les oreilles pleines de joyeuse musique...