mercredi 22 juillet 2009

Samarkand...



Après avoir visité les véritables musées à ciel ouvert que sont Khiva et Boukhara (cela dit, ces villes ne manquent pas de charme le soir quand les enfants jouent au foot devant les madrasas…), nous avons pris le train vers la mythique Samarkand, avec le fameux Régistan (une des plus belles places du monde comme on peut le voir sur la photo). Là bas nous avons logé chez des amies archéologues rencontrées à l’IFEAC.
Elles nous ont raconté l’évolution fulgurante de la ville : depuis quelques mois, on y construit un mur, censé embellir la ville, cacher au Président de passage la misère des quartiers, et fermer la vue des touristes.
Le mur s’élève le long des routes, immense, écrasant tout sur son passage…
Un beau matin, on reçoit un courrier informant qu’il faut quitter la maison qui sera rasée le lendemain. Beaucoup de magasins du bord des routes on été fermés. Une femme nous a raconté l’histoire d' un vieil homme auquel on a détruit la « Tchaïhana » (sorte de salon de thé ouzbek), et qui dit « chaque matin quand je vois ça, ma tension monte. Il y a vingt ans, toute la Mahalla (le quartier) avait aidé à construire cette tchaïhana… » mais voilà ; les rues doivent êtres plus larges, elles doivent être fermées par un mur et pas par des salons de thé. Plus personne n’ose construire à Samarkand, et on y voit beaucoup de chantiers arrêtés.

La femme nous a aussi raconté le combat des femmes de son quartier contre la construction du mur encerclant le mausolée de Gur Emir, arguant qu'on ne détruisait pas ainsi seulement la beauté de la mahalla mais aussi une partie du patrimoine de l’humanité…mais on leur a sommé de se taire.
Alors, les femmes ont réclamé de construire au moins des porches dans le mur, ouvrant sur la rue, et les autorités de répondre: "Si vous voulez des porches, alors à quoi ça sert de construire un mur ?" Bonne question,en effet...

La ville de Samarkand a donc beaucoup changé ces derniers mois. Les restaurants, cafés et magasins s’y font rares, l’atmosphère y est plus feutrée, moins joyeuse qu’à Boukhara... la beauté de la ville est comme figée, stérilisée.

C’est dommage, car l’histoire fabuleuse et riche de la capitale de Tamerlan ne mérite pas d'être cachée, même derrière le plus joli des murs de céramiques...

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