mardi 21 juillet 2009

Au pays des Karakalpaks

Bonjour à tous, me revoilà! Comme vous l’avez peut-être compris, j’ai pris des vacances la semaine dernière pour faire un tour d’Ouzbékistan avec un ami allemand venu en Asie Centrale.
Nous avons commencé le périple en traversant le pays d’Est en Ouest dans un avion qui ressemblait à un bus volant…pour revenir sur nos pas en passant par les villes dont les noms font rêver: Khiva, Boukhara, Samarcande...

Notre première découverte fut la petite République ouzbek du Karakalpakistan (si,si!)

Arrivés à Noukous, nous avons été accueillis par une fille Karakalpak que j’avais rencontrée à Tachkent et qui travaille pour Médecins sans Frontières à Noukous. L’ONG lutte principalement contre la tuberculose, qui est apparemment une maladie très répandue dans le pays...
On a reçu des T-shirts, crayons et cahiers marqués du slogan « La tuberculose est guérissable ! ». Le traitement anti-tuberculose est en effet très lourd et dure plusieurs années, si bien que certains malades se découragent et arrêtent de prendre leurs médicaments…
Noukous est une ville charmante, un peu étrange, et encore très soviétique.
L’air y est salé ; après une journée dans la ville, on a les yeux qui piquent et le goût du sel sur la peau… mais je ne recommande pas trop le thé salé qu'on y bois...

Cette salinité est due à la pollution de la nappe phréatique qui accompagne le reflux de la mer d’Aral, la tragédie du Karakalpakistan...

Pour nous faire une idée du désastre, nous avons fait une excursion à Moynak, à quelques 200km de Noukous.
Il y a quelques dizaines d’années, Moynak était une île dans la mer d’Aral (ironie: « aral » signifie en turc « île » ; la mer d’Aral était comme une île d’eau au beau milieu du désert)
Dans les années 70, la ville est devenue une presqu’île, puis une ville de bord de mer… et un beau jour, la mer est partie. Pourquoi?
Les fleuves Syr Daria et Amou Daria qui avaient été déviés afin d’irriguer les champs de coton et de riz, ne parvenaient plus à alimenter la mer, qui a reculé. Elle se trouve aujourd'hui à plus de 200 km de la ville...

Dans l’ancien port de Moynak, sur le sable brûlant du « désert d’Aral » comme on dit maintenant, quelques carcasses de bateaux échoués regardent tristement au large des étendues asséchées, polluées, toxiques. Les habitants, souvent des anciens pêcheurs, fuient, ou restent et racontent "Avant, Moynak était reliée par avion à toutes les villes d'Union soviétique. Les enfants venaient en classe de mer. Il y avait profusion de poissons, et là bas,vous voyez, il y avait une promenade avec pleins de restaurants, vendeurs de glaces..."

Pour terminer sur une note plus positive, je voudrais vous parler du musée Stavisky de Noukous. Ce musée accueille l’une des plus belles collections de l’avant-garde soviétique des années 20. Stavisky avait rassemblé une collection impressionnante de tableaux et de sculptures « ennemies du peuples », entreposées dans les archives du musée de Noukous.
Comme la ville était isolée et éloignée de Moscou, les œuvres furent préservées, tel un trésor enfoui à jamais dans les sables du désert… et fait aujourd'hui la fierté des Karakalpaks :)

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